Points à débattre
- Les opérateurs locaux probablement tirés entre les contraintes des uns et des autres (attentes des clients, des collectivités locales, contrats avec les grands réseaux) ont du mal à trouver des voies médianes entre :
- rester très locaux à l’image de certains acteurs du RAN (Rural Area Network) [1]
- grossir en dépassant le local… mais sans vraiment pouvoir rester à l’échelle d’un pays, d’une région..
- La plupart des opérateurs locaux sont « dépendants » des définitions « télécoms » ARCEP (cf Droits et Obligations des opérateurs et fournisseurs de services - Guide juridique pour les opérateurs locaux et les collectivités - ).
Ils n’arrivent pas souvent à déployer autre chose que ce qui est strictement lié à « des droits et des obligations qui s’attachent à la qualité d’opérateur de réseau ou de fournisseur de services de communications électroniques. ».
C’est le résultat d’une trop grande priorité donnée en France au discours technique (réseau) sur le discours social (contenu). Cela a conduit à des choix contribuant à la fracture numérique du déploiement comme des usages. L’intervention des collectivités publiques ne pouvant que prolonger ce choix culturel.
De plus, il faudrait mieux situer le terme opérateur dans sa dimension sociale, locale ou non, « d’interconecteur » de réseaux, de contenus, d’individus.
- Dommage à l’heure où ce sont les contenus qui font la viabilité économique [2]. Souvent de culture technique, ou engagé sur ces seuls terrains ; et malgré leur ancrage local… peu semble entreprendre la mise en marché (en complément de la construction de réseaux) de contenus autour de ce qui valoriserait l’économie locale : tourisme, services à la personne, réseau lobby et réseaux sociaux, services audiovisuel de proximité, espaces de publication sur les vies et faits locaux, applicatifs ciblés. Le tout dans des contextes de géolocalisation et de besoins de certaines catégories comme les séniors et les nomades de proximité…
Sur son site, Numévia évoquait « Demandez en plus à Numévia : votre site internet, vidéo surveillance, noms de domaine et mails, sauvegarde de vos données et aussi »Devenez créateur de contenu pour votre communauté !« Tentative d’ouverture de »contenus" sans doute trop dépendants de la dimension réseau et focalisés sur des relations institutionnelles avec les collectivités.
Pour le moins, les contenus locaux doivent être resitués face au développement du marché des « contenus mobiles » (jeux, musique, news, vidéos, publicité de proximité) en train de modifier la chaîne de valeurs et donc le rôle des uns et des autres. Ceci dans un contexte d’affirmation des smartphones et tablettes [3] mais aussi diverses questions en rapport entre contenus, économie et neutralité de l’internet [4].
- L’AOLPRS (Association des Opérateurs Locaux et de Proximité de Réseaux et de Services) avait bien ajouté le mot « Services » dans son intitulé. Ce terme ne doit pas s’entendre uniquement au titre des « services réseaux »… mais aussi en tant que « services contenus ». Même si cela est difficile, il faut probablement davantage diversifier les champs d’action du métier des opérateurs locaux en déployant des contenus : soit en action propre, soit en partenariat avec des initiateurs locaux (publics et privés). Les contenus , par leur volet usages, sont porteurs de viabilité économique sur le moyen terme.
- Pour leur part, les collectivités locales, qui peuvent accompagner ces opérateurs locaux, ne doivent pas les situer comme des équivalents des gros délégataires de DSP [5]. A elles de comprendre la fragilité économique de ces acteurs de proximité, les engagements personnels présents, leur importance stratégique pour le développement local ; et conjointement d’accepter que la maintenance (mais aussi l’innovation technique) aient des coûts réels à prendre en charge [6] (ce qui semble ne pas avoir été le cas pour Numévia).
- A explorer aussi la mise en oeuvre d’opérateurs locaux dans un contexte juridique de SCIC [7]) avec droit de vote à parts égales entre les divers membres. [8]
A suivre
Compléments
Dans un article Haut débit en zones blanches : entre avancées technologiques et réalités économiques Guénaël Pépin de Zdnet se fait l’écho du sujet :
- Dommage de n’aborder le sujet que par le volet technique type « NRA-ZO, Wifi Mesh ou Wimax »…
- Le sujet est aussi et vigoureusement une question de développement local des territoires et pas uniquement par l’usage du haut débit que peuvent faire les acteurs économiques locaux ou les habitants. Il l’est car il correspond à un potentiel d’opérateur disposant d’un potentiel d’interconnexion (physique et sociale) d’acteurs locaux dans une dynamique d’offres et d’usages numériques et pas seulement d’accès !
- Le propos « Le marché est difficile et les FAI spécialisés en couverture Wimax ou Wifi Mesh (client maillon du réseau) se concentrent pour mieux survivre. » semble occulter le contexte dans lequel le numérique se déploie en France autour de quelques opérateurs dominants.
- A ce titre, le point de vue de Jean-Luc Sallaberry de l’Avicca, « le secteur est en train de se consolider. Il y a un phénomène de concentration et sélection sur un marché qui n’est pas suffisant pour faire vivre une kyrielle d’opérateurs ». n’est qu’une vision du sujet. Il aurait été important, pour le bon équilibre de l’article, que la journaliste donne aussi la parole à quelques autres acteurs engagés dans les dessertes et services numérique de proximité.