Opérateurs Locaux : Numévia cesse son activité ?

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Opérateurs Locaux : Numévia cesse son activité ?

Coup dur sur le terrain numérique, du côté de Cabrerets, Orniac, Lentillac-du-Causse, Esclauzels pour :

  • les clients particuliers, institutionnels ou économiques,
  • les responsables de l’entreprise Numévia et les salariés licenciés.

Il n’est jamais bon signe de voir disparaître une entreprise du local.
Le fournisseur d’accès Numevia.fr cesse son activité selon un article de la Dépêche : « … dès ce 31 juillet, conformément à sa lettre du 15 juillet envoyée aux communes concernées puis aux abonnés, le fournisseur d’accès Numevia, arrête sa founiture de service et d’exploitation du réseau d’accès à l’internet haut débit et annonce même sa dissolution et sa liquidation. Le service sera prolongé jusqu’au 31 août mais sans possibilité d’intervention. »


Points à débattre

  • Les opérateurs locaux probablement tirés entre les contraintes des uns et des autres (attentes des clients, des collectivités locales, contrats avec les grands réseaux) ont du mal à trouver des voies médianes entre :
    • rester très locaux à l’image de certains acteurs du RAN (Rural Area Network) [1]
    • grossir en dépassant le local… mais sans vraiment pouvoir rester à l’échelle d’un pays, d’une région..
  • La plupart des opérateurs locaux sont « dépendants » des définitions « télécoms » ARCEP (cf Droits et Obligations des opérateurs et fournisseurs de services - Guide juridique pour les opérateurs locaux et les collectivités - ).
    Ils n’arrivent pas souvent à déployer autre chose que ce qui est strictement lié à « des droits et des obligations qui s’attachent à la qualité d’opérateur de réseau ou de fournisseur de services de communications électroniques. ».
    C’est le résultat d’une trop grande priorité donnée en France au discours technique (réseau) sur le discours social (contenu). Cela a conduit à des choix contribuant à la fracture numérique du déploiement comme des usages. L’intervention des collectivités publiques ne pouvant que prolonger ce choix culturel.
    De plus, il faudrait mieux situer le terme opérateur dans sa dimension sociale, locale ou non, « d’interconecteur » de réseaux, de contenus, d’individus.
  • Dommage à l’heure où ce sont les contenus qui font la viabilité économique [2]. Souvent de culture technique, ou engagé sur ces seuls terrains ; et malgré leur ancrage local… peu semble entreprendre la mise en marché (en complément de la construction de réseaux) de contenus autour de ce qui valoriserait l’économie locale : tourisme, services à la personne, réseau lobby et réseaux sociaux, services audiovisuel de proximité, espaces de publication sur les vies et faits locaux, applicatifs ciblés. Le tout dans des contextes de géolocalisation et de besoins de certaines catégories comme les séniors et les nomades de proximité…
    Sur son site, Numévia évoquait « Demandez en plus à Numévia : votre site internet, vidéo surveillance, noms de domaine et mails, sauvegarde de vos données et aussi »Devenez créateur de contenu pour votre communauté !« Tentative d’ouverture de »contenus" sans doute trop dépendants de la dimension réseau et focalisés sur des relations institutionnelles avec les collectivités.
    Pour le moins, les contenus locaux doivent être resitués face au développement du marché des « contenus mobiles » (jeux, musique, news, vidéos, publicité de proximité) en train de modifier la chaîne de valeurs et donc le rôle des uns et des autres. Ceci dans un contexte d’affirmation des smartphones et tablettes [3] mais aussi diverses questions en rapport entre contenus, économie et neutralité de l’internet [4].
  • L’AOLPRS (Association des Opérateurs Locaux et de Proximité de Réseaux et de Services) avait bien ajouté le mot « Services » dans son intitulé. Ce terme ne doit pas s’entendre uniquement au titre des « services réseaux »… mais aussi en tant que « services contenus ». Même si cela est difficile, il faut probablement davantage diversifier les champs d’action du métier des opérateurs locaux en déployant des contenus : soit en action propre, soit en partenariat avec des initiateurs locaux (publics et privés). Les contenus , par leur volet usages, sont porteurs de viabilité économique sur le moyen terme.
  • Pour leur part, les collectivités locales, qui peuvent accompagner ces opérateurs locaux, ne doivent pas les situer comme des équivalents des gros délégataires de DSP [5]. A elles de comprendre la fragilité économique de ces acteurs de proximité, les engagements personnels présents, leur importance stratégique pour le développement local ; et conjointement d’accepter que la maintenance (mais aussi l’innovation technique) aient des coûts réels à prendre en charge [6] (ce qui semble ne pas avoir été le cas pour Numévia).
  • A explorer aussi la mise en oeuvre d’opérateurs locaux dans un contexte juridique de SCIC [7]) avec droit de vote à parts égales entre les divers membres. [8]

A suivre

Compléments

Dans un article Haut débit en zones blanches : entre avancées technologiques et réalités économiques Guénaël Pépin de Zdnet se fait l’écho du sujet :

  • Dommage de n’aborder le sujet que par le volet technique type « NRA-ZO, Wifi Mesh ou Wimax »…
  • Le sujet est aussi et vigoureusement une question de développement local des territoires et pas uniquement par l’usage du haut débit que peuvent faire les acteurs économiques locaux ou les habitants. Il l’est car il correspond à un potentiel d’opérateur disposant d’un potentiel d’interconnexion (physique et sociale) d’acteurs locaux dans une dynamique d’offres et d’usages numériques et pas seulement d’accès !
  • Le propos « Le marché est difficile et les FAI spécialisés en couverture Wimax ou Wifi Mesh (client maillon du réseau) se concentrent pour mieux survivre. » semble occulter le contexte dans lequel le numérique se déploie en France autour de quelques opérateurs dominants.
  • A ce titre, le point de vue de Jean-Luc Sallaberry de l’Avicca, « le secteur est en train de se consolider. Il y a un phénomène de concentration et sélection sur un marché qui n’est pas suffisant pour faire vivre une kyrielle d’opérateurs ». n’est qu’une vision du sujet. Il aurait été important, pour le bon équilibre de l’article, que la journaliste donne aussi la parole à quelques autres acteurs engagés dans les dessertes et services numérique de proximité.

Voir en ligne : Article de la Dépêche

le 2 août 2010 par Redaction Wirkers
modifie le 9 mai 2011

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  • Je lis : « Même si cela est difficile, il faut probablement davantage diversifier les champs d’action du métier des opérateurs locaux en déployant des contenus : soit en action propre, soit en partenariat avec des initiateurs locaux (publics et privés). Les contenus , par leur volet usages, sont porteurs de viabilité économique sur le moyen terme. »

    J’avoue avoir beaucoup de mal à adhérer à ce raisonnement et je m’applique au quotidien à surtout éviter de tomber dans ce que je considère comme un piège mortel.

    Construire des infrastructures est une activité patrimoniale rentable en elle-même lorsqu’elle est inscrite dans le long terme et intégrée comme une compétence supplémentaire pour les gestionnaires de patrimoine en général.

    A contrario la rentabilité économique ne peut pas apparaître si elle est visée sur le court et moyen terme. Nier cette réalité en allant chercher du côté des contenus les recettes manquantes ne peut que créer la confusion et entretenir de fausses attentes.

    • Contenus ou pas contenus pour les opérateurs locaux ?
      2 août 2010 - Jacques Chatignoux Opérateur

      Merci d’apporter une pierre au débat ; le sujet restant complexe.

      1- « Construire des infrastructures est une activité patrimoniale rentable en elle-même » … Sans doute mais dans un contexte comme celui de la fibre créative.
      Pour l’heure il ne semble pas que la plupart des opérateurs locaux choisissent cette voie, qui a le grand mérite d’exister tant conceptuellement que dans ses tentatives de concrétisation. Exploration à poursuivre à l’évidence.

      2-  « la rentabilité économique » … Elle semble aujourd’hui, profondément liée aux changements de la chaîne de valeurs en cours. Justement si la notion « patrimoniale » est classiquement reconnue par nos concitoyens dans « l’univers vrai »… L’est-elle dans un « univers virtuel » ? Les chaînes de valeurs ne sont-elles pas d’abord, sur le net, celle de l’instantanéïté, du factuel fugace, de l’éphémère, du « le nez sur le guidon »… jointe à de l’engagement à fond… seulement le temps de l’expérience utilisateur ?

      3- Le discours et les choix opérés, focalisant sur le seul volet des réseaux techniques (sous l’influence des milieux de l’ingénieur répliquant le modèle des réseaux physiques - route, énergie… -) ont conduit à des fractures sociales rendant non équitable l’accès au réseau comme aux contenus.
      Les opérateurs locaux (au sens « interconnecteur » et non dans la seule référence discours télécom Arcep) se situent au lieu central de l’articulation des territoires : celui du potentiel d’interconnexion des employabilités et savoir-faire locaux, des cultures locales, des énergies entreprenantes et innovantes, des flux de mobilités, du développement local…
      A ce titre, pourquoi vouloir dissocier à nouveau l’univers de la technique et celui de la sociabilité au lieu d’imaginer des articulations entre réseaux physiques et contenus ?
      Certes, il ne faut pas chercher au plan local à reproduire ou simplement adapter « le mélange des genres - réseau / contenus - » dont on voit les modèles économiques des gros opérateurs…
      Il y a sans doute des voies pédagogiques et de collaboration / coopération à explorer en ce sens, en s’appuyant davantage sur les clients / acteurs de l’utilisation des réseaux physiques pour suggérer des approches de type « consom’acteurs ». Il est vrai que ce n’est pas une tradition de notre pays.
      L’enjeu est aussi d’importance pour « la connaissance locale » du fonctionnement, des valeurs, des modes d’usages de l’internet et d’un sujet d’actualité : sa neutralité de proximité. Evitons si possible la mode du Panurgisme si en vogue.